Histoire d’un lieu, la newsletter
Je partage l’histoire d’un lieu, entre architecture intérieure et littérature.
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✨ Et si les lieux pouvaient parler…?
Il y a des lieux qu’on choisit. D’autres qui nous choisissent. Certains nous accueillent, d’autres nous résistent. Il y a ceux qu’on façonne… et ceux qui nous transforment.
Chaque mois, je vous raconte un espace. Un lieu réel ou rêvé. Transformé, abandonné, partagé. Mais surtout un lieu qui parle. Qui chuchote nos silences. Qui éclaire nos besoins.
Car l’architecture intérieure ne commence pas avec un plan, mais avec une sensation. Une dissonance, une envie, un vertige. Et si vous tendez l’oreille, vous verrez : chaque lieu est une réponse déguisée à une question que vous portez.
Cette newsletter est pour vous.
Elle ne vous dira pas quoi acheter ou repeindre.
Elle vous apprendra à écouter votre lieu, à le voir autrement, à le transformer avec justesse.
🌿 12 lettres par an. Une par mois.
Des histoires vraies ou imaginées, qui éclairent nos intérieurs comme nos choix.

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Histoire d'un lieu
Newsletter – Histoire d’un lieu par Amélie Guilleminot
Les souvenirs dans les murs
Il y a des lieux où le temps se fait écho.
Des espaces où chaque fissure, chaque craquement du parquet raconte une histoire.
Dans cette lettre, je vous emmène dans une maison de famille, un lieu empreint de mémoire.
Mais une mémoire qui ne fige pas le passé, qui se nourrit de l’histoire pour se réinventer.
Une maison qui respire, qui évolue, qui accueille à nouveau la lumière, sans jamais effacer ce qu’elle a été.
Venez découvrir son voyage entre hier et aujourd’hui.
Je suis une maison endormie. Les volets fermés depuis des années dessinent sur mes murs des ombres mouvantes. Je garde en moi l’empreinte de ceux qui m’ont habitée, comme un livre ouvert dont les pages se tournent au gré du vent. Les planchers grincent sous les pas fantômes, comme pour rappeler qu’ici, la vie a longtemps résonné.
Dans la cuisine, la vieille table est toujours là, figée dans un déjeuner oublié. Les tasses ébréchées attendent qu’on les prenne en main, et l’odeur des tartes aux pommes semble flotter, subtile, entre les murs jaunis. Sur le buffet, une nappe à fleurs décolorée garde les traces de repas animés, des éclats de rire entrecoupés de disputes passionnées.
Les chambres gardent leurs secrets. Des papiers peints défraîchis où dansent encore les motifs floraux, comme un écho des rêves qui s’y sont accrochés. Les miroirs renvoient un reflet poussiéreux, mais si l’on s’approche, on distingue presque des visages oubliés. Je suis remplie de souvenirs, mais personne pour les raconter.
Parfois, des curieux poussent la porte, hésitent, puis repartent en silence. Ils sentent bien que je ne suis plus qu’un vestige, une parenthèse figée dans le temps. Mais moi, je suis là, fidèle gardienne des histoires qui ont traversé mes murs. Je ne demande qu’à ce qu’on me parle, qu’on m’écoute, qu’on me redonne une chance de vibrer à nouveau.
Je suis une maison de famille. Une maison qui a connu des rires d’enfants, des repas de fête, des discussions animées, des secrets murmurés dans les coins les plus sombres. Je porte les traces de plusieurs générations, chaque pierre, chaque poutre, chaque carrelage me raconte une histoire. Mes murs sont marqués par le passage du temps, par l’usure douce des souvenirs qui se superposent les uns aux autres.
Les escaliers que l’on monte et descend chaque jour ont vu de petites mains s’agripper aux rampes, des pieds hésitants gravir leurs marches, des corps fatigués s’y poser. Dans le salon, les tapis usés par les pas des ancêtres gardent la mémoire des soirées passées ensemble, des cartes étalées sur la table, des rires qui résonnaient dans les airs.
Je suis une maison de souvenirs, mais je ne suis pas figée dans le passé. Je respire encore, et aujourd’hui, je m’adapte. Avec un regard nouveau, on m’a redécouverte, mais sans jamais effacer ce que je suis. L’âme de ma structure est restée intacte, mais les pièces ont changé. J’ai ouvert mes portes pour offrir plus de lumière, plus d’espace, sans trahir l’essence de ce que j’étais.
Le vieux parquet grince encore sous les pieds, mais il a trouvé sa place dans un intérieur moderne et épuré. Les murs, eux, sont habillés de couleurs douces, qui laissent la lumière se déverser et donner à chaque recoin une chaleur nouvelle. Ma cuisine, autrefois le cœur battant de la maison, est devenue un espace fonctionnel, où l’on prépare les repas dans une atmosphère contemporaine. Les éléments anciens se mêlent harmonieusement aux pièces de mobilier épuré, créant un contraste subtil entre le passé et le présent.
Dans la chambre des parents, le lit en bois massif côtoie des luminaires modernes et des textiles clairs, offrant une atmosphère apaisante où l’on retrouve une part de mémoire familiale tout en se ressourçant dans un cadre plus actuel.
Les générations passées restent avec moi, à travers les objets, les meubles, les détails qui ne m’ont pas été enlevés. Mais je ne suis plus figée dans l’époque où j’ai vu le jour. Je m’adapte, je me réinvente, tout en conservant ce qui fait de moi un lieu unique, un lieu chargé d’histoires et d’héritages. Je suis une maison de famille, je suis une maison qui vit, qui évolue, et qui continue d’accueillir avec chaleur et modernité.
Je ne suis pas fait pour toi
Il y a des lieux qui résistent à notre présence.
On y vit, mais rien n’y coule. Tout grince, se cogne, se plie.
Et si ce n’était pas un échec, mais un appel ?
Dans cette lettre, je vous emmène dans un espace qui n’a jamais été pensé pour la vie qu’on y mène… et qui rêve, lui aussi, d’évoluer.
Je suis un lieu inadapté.
Je te regarde vivre ici, et je sens ta gêne.
Chaque matin, tu te contorsionnes pour atteindre ton café.
Tu fais trois pas, puis tu butes.
Tu ouvres une armoire, et tout tombe.
Je vois tes sourcils qui se froncent, ton souffle qui se coupe.
Je sais. Je ne te rends pas la vie facile.
Je suis trop étroit là où tu as besoin d’espace,
trop sombre là où tu réclames de la clarté.
Je ne suis ni fluide, ni logique.
Je suis un couloir qui se prend pour un salon,
une cuisine qui n’ose pas être pièce à vivre,
une salle de bain sans place pour poser une brosse à dents.
Je ne suis pas méchant.
Juste mal pensé.
On m’a dessiné sans t’imaginer.
On m’a construit sans écouter le quotidien.
Je suis le résultat d’un plan, pas d’un désir.
Et toi, tu fais de ton mieux.
Tu poses une plante ici, un miroir là,
tu ajustes, tu t’adaptes.
Mais au fond, on le sent tous les deux :
ça ne circule pas.
Je te retiens au lieu de t’accueillir.
Je t’épuise au lieu de te soutenir.
Et tu sais quoi ?
Je rêve que tu m’aides à changer.
Pas me trahir. Pas me déguiser.
Mais m’ajuster.
M’écouter. Me corriger.
Me réécrire à ta mesure.
Tu pourrais abattre cette cloison inutile,
redonner de la cohérence aux volumes,
créer un vrai lieu pour chaque geste de ta vie.
Tu pourrais faire de moi un espace qui comprend ton rythme,
au lieu de te ralentir.
J’ai envie d’être utile.
J’ai envie d’être juste.
J’ai envie que tu te sentes bien, ici, chez moi.
Alors si tu me tends la main…
je suis prêt à me transformer.
La serre aux murmures
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